TSPT et TSPT-C chez les personnes LGBTQI+ : que nous dit la recherche ?

Les personnes LGBTQI+ sont plus exposées que la population générale à différents types de violences : remarques humiliantes, discriminations, rejet familial, agressions physiques ou sexuelles. Ces expériences augmentent le risque de développer un TSPT ou un TSPT-C.

Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) est une réaction psychologique qui peut survenir après avoir vécu un événement extrêmement stressant ou violent. Il se caractérise par des souvenirs intrusifs, des cauchemars, une hypervigilance et parfois une grande détresse émotionnelle. Le trouble de stress post-traumatique complexe (TSPT-C) survient généralement après des traumatismes répétés ou prolongés (comme la violence chronique ou les abus), et vient également affecter l’estime de soi, les relations et la régulation émotionnelle.

Pourquoi cette étude ?

Même si de nombreuses recherches montrent que les personnes LGBTQI+ subissent plus de violences, on manquait de synthèses claires sur :

  • combien d’entre elles développement des symptômes de TSPT ou de TSPT-C,
  • si certaines personnes sont plus exposées (par exemple les personnes transgenres ou bisexuelles),
  • quels facteurs influencent l’apparition des symptômes traumatiques.

Pour répondre à ces questions, nous avons réalisé, avec trois autres collègues (Hugo Fournier, Marie Hasdenteufel, Bruno Quintard), une revue systématique de la littérature. Concrètement, cela consiste à regrouper et analyser toutes les études publiées sur un sujet précis, afin de tirer des conclusions à partir de l’ensemble des données existantes, plus que de se baser sur une seule étude.

Cette revue systématique a analysé 60 études internationales publiées depuis 2010, portant sur plus de 31 000 personnes LGBTQI+.

Ce que nous avons observé :

1 – Des taux de TSPT et de TSPT-C très élevés

Toutes les études montrent que les personnes LGBTQI+ présentent des taux de TSPT bien supérieurs à ceux de la population générale (environ 5 % ). Par exemple, selon les études, 10 à 36% des personnes bisexuelles et 37 à 64% des personnes transgenres présentent un TSPT.

Les données sur le TSPT-C sont encore limitées, mais les premières études suggèrent également des prévalences importantes.

2 – Toutes les personnes LGBTQI+ ne sont pas exposées de la même manière

Certains groupes sont plus vulnérables :

  • Les personnes bisexuelles sont souvent confrontées à une double stigmatisation, à la fois dans la société en général et parfois au sein même de la communauté LGBTQI+.
  • Les personnes transgenres subissent davantage encore de discriminations et de violences, et peuvent rencontrer davantage de barrières pour accéder aux soins.

Certaines intersections identitaires, comme par exemple être une personne LGBTQI+ et racisée, peuvent aussi augmenter les risques.

3 – Quels facteurs favorisent ou limitent les symptômes traumatiques ?

Les facteurs identifiés se situent à plusieurs niveaux :

  • Individuel : Précarité financière, isolement, problèmes de santé mentale ou physique, consommation de substances, internalisation de la stigmatisation…
  • Social : Manque de soutien familial ou social, rejet ou réactions inadéquates face aux traumatiques, discriminations ou microagressions quotidiennes…
  • Communautaire et politique : Discours médiatiques anti-LGBTQI+, climat politique hostile, projets de lois discriminatoires…

A retenir :

Les personnes LGBTQI+ présentent des taux de TSPT et de TSPT-C beaucoup plus élevés que la population générale. Les risques peuvent varier selon l’orientation sexuelle, l’identité de genre et le contexte social et politique. Les violences ciblées, la stigmatisation et l’absence de soutien sont les principaux facteurs de risque, mais cela doit être pris en compte dans un système plus global qui vulnérabilise structurellement les personnes LGBTQI+. Renforcer les droits, la protection et l’accès aux soins des personnes LGBTQI+ est une condition essentielle pour réduire ces risques.

En savoir plus

Pour approfondir le sujet, vous pouvez consulter l’étude originale (en anglais).
Peraud Berthelot, W., Fournier, H., Hasdenteufel, M., & Quintard, B. (2025). Prevalence and associated factors of post-traumatic stress disorders among LGBTQI+ adults: a systematic literature review. BMC Public Health25(1), 3644. https://doi.org/10.1186/s12889-025-24843-1

Poster réalisé pour la conférence internationale « Prendre soin des LGBTI+ » organisée à Paris en Janvier 2024.

Poster scientifique présentant les résultats d’une recherche en psychologie sur le stress post-traumatique (TSPT) chez les personnes LGBTQ+. Le poster décrit l’impact des violences et discriminations sur la santé mentale, les facteurs de risque, ainsi que les données issues d’une étude universitaire menée au Laboratoire de Psychologie de l’Université de Bordeaux.

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